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Confidences sur des albums live mythiques

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Comme dirait Magritte :  » Ceci n’est pas un classement ! « . Bref, pas question de nous envoyer des mails rageurs parce que tel ou tel enregistrement manquerait à l’appel. Ici, nous entendons surtout voir comment ces groupes ont vécu le live.

Nirvana : MTV Unplugged in New York

Enregistré le 18 novembre 1993, soit quelques mois avant le suicide de Kurt Cobain, ce disque voit Nirvana dépouillé de ses guitares tonitruantes pour certains de ses titres en acoustique, et des reprises tout aussi acoustiques (The Man Who Sold the World de Bowie…). Bref, Ce concert Unplugged (photo) emmène Nirvana là où (presque) personne ne les savait encore capables de s’aventurer : vers l’acoustique, le nu, l’intime. Quelques guitares sèches, un violoncelle et une batterie à balais…

Dave Grohl, à la batterie ce soir-là, s’en souvient encore :  » Ce disque me rappelle mes débuts dans le groupe. Quand j’ai rejoint Nirvana, c’était très amusant. Je dormais sur le canapé dans le salon de Kurt, nous répétions dans une grange, en installant notre matériel et en jouant ces chansons, et les gens bondissaient et avaient chaud et transpiraient. J’ai vraiment aimé la connexion que le public de Nirvana avait avec le groupe, et c’est encore plus fort ici.

Daft Punk : Live 97

Capté à Birmingham en novembre 1997, cet album montre pourquoi Daft Punk ne se limite pas à un duo de dj’s. Un autre album live sortira dix ans plus tard. Mais, en attendant, Thomas Bangalter, moitié du duo casqué, s’est souvenu de cette époque un peu folle :  » On a fait 70 ou 80 lives en 97, c’était mélangé entre un public de club, un public rock, alternatif, un public qui achète le disque et des gens qui écoutent la radio. C’était un moyen de partager la musique avec ceux qui n’étaient pas forcément au courant. C’est la raison pour laquelle il y avait un DJ avant et après. Disons qu’on a pris six mois de l’année dernière à s’occuper du live, à faire la production, à faire la musique, à tout faire, et ça a été une aventure très marrante, très amusante. C’était vraiment différent de la création de morceaux…

Quant à elle, la tournée live, c’était comme le film Un jour sans fin ! On faisait la même chose tous les jours, sauf que ça changeait d’endroit. En 97, on a fait des interviews, des lives, des interviews, des lives. On a eu le même jour tous les jours pendant un an. C’était étrange, parce qu’au même moment, tu as les gens à côté qui vivent leur vie, tous les jours, ils font un truc différent, ils avancent, ça te frustre un peu… C’est pour ça qu’on veut procéder par cycle. Après, t’as envie de dire :  » OK, c’est bon, on arrête les spectacles, on arrête plus ou moins les trucs de DJ « , à moins de le faire à Paris, avec quelques copains de manière plus ou moins confidentielle. Après la sortie de ce live, on est rentrés à nouveau dans un cycle de vie où tous les jours on se levait et on faisait un truc différent. Tant mieux ! « 

Deep Purple : Made in Japan

Deep Purple est au sommet de son art en 1972, et entame une tournée massive pour la promotion de leur album mythique Machine Head. Cette tournée passe par le Japon, et notamment par Osaka et Tokyo les 15, 16 et 17 août 1972 où ont eu lieu les enregistrements.

Ian Gillan était au chant ce soir-là, et est souvenu revenu sur l’importance du live pour Deep Purple :  » Nous étions un groupe de scène avant de commencer à enregistrer. La vie est agréable sur la route. Nous appartenons à un groupe et nous avons un but. La récompense est immédiate. Quand nous étions jeunes, nous les faisions comme des touristes. Je me souviens parfaitement de la première fois où j’ai vu le Taj Mahal, le Grand Canyon ou la tour Eiffel, c’était fantastique. Aujourd’hui, c’est différent, on ne visite plus, mais il est agréable de sortir dîner avec un vieil ami, papoter. Je ne me sens pas fatigué en tournée. C’était fatigant quand nous étions jeunes et que nous nous entassions toute la nuit dans des camionnettes nettes, à rouler dans la pluie et le brouillard. Pas de road manager, pas d’hôtel, on ne pouvait pas se changer, c’était dur. Maintenant, on voyage en avion, des voitures viennent nous chercher aux aéroports, tout est organisé, il n’y a vraiment qu’à se laisser transporter. Bons hôtels, loges confortables, Internet pour se distraire, il n’y a même plus besoin de traîner des livres dans ses bagages avec les tablettes, la vie est très facile. « 

Queen : Live at Wembley 86

Sorti seulement en 1992, ce disque dingue retrace tout le potentiel scénique de Queen sur scène. Ce 12 juillet 1986, le leader du groupe fait une entorse à sa routine d’avant-concert. D’abord, les traditionnelles parties de jeux de société pendant lesquelles le groupe et les techniciens tuent le temps en tournée –  » Freddie s’attendait vraiment à gagner à chaque fois, surtout au Scrabble « , lâche son ami Peter Freestonepassent à la trappe. Et puis  » Freddie hébergeait des amis américains avant le show, ce qui était très inhabituel « , se souvient Freestone, qui a dû rester cloîtré pendant toute la tournée européenne dans la nouvelle maison du chanteur pour rassurer l’assurance et décourager les voleurs.  » D’habitude, Freddie ne parlait pas beaucoup avant un concert important. Mais là, il leur a préparé le petit déjeuner, fait la conversation et les a calés dans un minibus pour qu’ils fassent un tour en ville avant le concert. A la cool… « 

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Pink Floyd : Live at Pompeii

A la base sorti sur une chaîne de télé. Puis en VHS et DVD, tandis que la bande-son est sortie sous forme de disque non-officiel.

En 1971, les quatre membres de Pink Floyd se produisent en live au milieu de l’amphithéâtre vide de Pompéi. À l’origine prévu pour un projet de chaîne TV, l’enregistrement du concert se fait sur plusieurs jours d’octobre 1971 au milieu des ruines de l’ancienne cité romaine, ensevelie par le Vésuve au 1er siècle après Jésus-Christ. L’absence de public permet la mise en place d’une atmosphère incroyable, comme si un dialogue s’installait entre les chansons des Pink Floyd et les vestiges d’une cité antique chargée d’histoire.

David Gilmour, déjà de la partie en 1971, et qui reviendra jouer à Pompei en 2016, cette fois avec du public, s’explique sur ce que représente le live pour lui :  » Je ne cherche pas à reproduire les morceaux exactement comme sur l’album studio. Je laisse les musiciens improviser, et comme ils jouent mieux, je joue mieux moi aussi. Pompei est un endroit extraordinaire parce qu’il a été préservé, exactement comme il était à l’époque. Beaucoup d’autres sites comme celui-ci existent. Visitez n’importe quel site antique à travers le monde et vous verrez qu’ils sont très endommagés par ce qui s’est déroulé depuis le siècle où ils ont été abandonnés. Mais cet endroit est comme scellé dans le temps, vous êtes en train d’admirer un édifice qui n’a pas changé depuis des années. « 

Led Zeppelin : How the West Was Won

Sorti en 2003, ce triple album rassemble deux concerts. Le premier fut enregistré au Los Angeles Forum le 25 juin 1972 et le second provient du concert donné au Long Beach Arena, deux jours plus tard. Ces concerts clôturent la huitième tournée américaine de Led Zeppelin.

Jimmy Page aime le live, mais c’est en studio qu’il s’éclatait le plus :  » Comme musicien de studio, j’avais par exemple apporté la pédale de distorsion, d’overdrive. On appelait ça la fuzz box à l’époque. J’ai rencontré Roger Mayer, un ingénieur électronique, lors d’une session, et il m’a demandé :  » Est-ce qu’il y a quelque chose dans la musique électronique qui serait un atout avec la guitare ? « . J’ai répondu oui et je lui ai joué de la musique avec une guitare overdrive. Je crois que j’avais un magnétophone à l’époque : si on branchait la guitare directement dessus, on obtenait un son vraiment distordu. On pouvait jouer une note et obtenir un  » sustain  » infini. Normalement, les producteurs me demandaient :  » Tu as quelque chose pour cette chanson ? « , et je sortais des riffs. Cette fois, j’ai branché la fuzz box, et les visages des autres guitaristes, qui avaient bien sept ans de plus que moi, ont viré au blanc, parce qu’ils se disaient :  » Ce petit morveux sait déjà remplir tous les rôles à la guitare, et maintenant, il a ce truc. Mais cela s’est quand-même immédiatement imposé. « 

AC DC : Live

Enregistré à Donington en 1992, ACDC Live 92 reste le meilleur live du groupe. Sorti pour promouvoir l’album The Razors Edge (1991) ce Live rencontre un énorme succès et s’écoule rapidement à plus de 3 millions d’exemplaires.

Malcolm Young était logiquement fier de ce carton :  » C’est toujours mieux de sortir un live qu’un Greatest Hits, n’est-ce pas ? Depuis If You Want Blood, nous n’avons fait que poursuivre dans cette même voie d’un rock bien senti. Il n’y a pas eu de changements majeurs, musicalement s’entend. Ce Live est comme une borne kilométrique qui pour nous marquerait l’année 1991. Les gens se diront en l’écoutant :  » C’est ainsi qu’ils étaient en 1991… « .

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Dire Straits : Alchemy

Le 23 juillet 1983, Dire Straits donnait le concert final de sa tournée Love Over Gold débutée en décembre 1982. C’est ce concert qui est capté ici.

Et Mark Knopfler évoque cette période les yeux humides, mais aussi avec lucidité :  » C’était une période florissante où je me suis bien éclaté ! La balle était dans notre camp et j’en avais pleinement conscience. Seulement, à un moment, c’est devenu trop gros. Nous avions dépassé la masse critique. Avec Dire Straits, chaque concert était un événement. Je ne crois pas que les gens se rendent compte à quel point nous travaillions dur. Nous avions deux ou trois scènes qui tournaient en permanence pour aller d’une ville à l’autre. Nous étions épuisés. Je ne suis pas sûr que les artistes d’aujourd’hui mesurent ce qui peut les attendre dans le cas d’un tel succès. Il fallait avoir la santé ! « 

Metallica : S & M

Récit des deux soirées au Berkeley Community Theatre avec l’Orchestre symphonique de San Francisco les 21 et 22 avril 1999 sous la direction de Michael Kamen, ce disque mythique voit donc le groupe s’entourer d’un orchestre classique.

Un excellent souvenir pour Kirk Hammet :  » Ces concerts m’ont donné l’impression de n’être qu’un seul grand, grand, grand groupe. Pour moi, c’est le summum : pouvoir jouer un énorme, un putain de gros riff, et entendre 70 instruments se déployer derrière pour le rendre tellement plus puissant. Cela fait vraiment, vraiment une différence de travailler avec cette musicalité que l’orchestre apporte. « 

Iron Maiden : Live After Death

Live After Death est le premier album live – si l’on excepte les maxis – du groupe. Il est sorti en 1985 et a été enregistré lors du World Slavery Tour, en mars 1985 à Long Beach. Toutefois, la quatrième face du vinyle a été enregistrée à Londres.

Mais, malgré les nombreux live qui ont suivi, et les tournées sans fin, Bruce Dickinson n’est pas spécialement fan de l’exercice :  » Si tu es musicien… Dans mon monde, et je pense dans tous nos mondes, nous voulons créer. Nous ne voulons pas nous contenter de faire le singe savant sur scène. Si nous nous contentions de jouer les chansons de notre passé, nous ne vaudrions pas mieux qu’un groupe de karaoké. Ça ne m’intéresse pas du tout, en fait. Je pense que nous avons pour ainsi dire la responsabilité morale de sortir de la nouvelle musique, parce que sans ça, nous serions des charlatans. Nous n’aurions qu’à payer quelqu’un pour se déguiser comme nous, monter sur scène et jouer notre musique. Comment pourrions-nous justifier notre présence sur scène ? D’accord, on peut dire que Legacy Of The Beast était une tournée nostalgique. Mais nous avons été transparents et honnêtes à ce sujet. Nous avons prévenu : «  Nous allons faire cette tournée et nous jouerons toutes ces vieilles chansons très cool.  » Et tout le monde s’est dit :  » Parfait, génial.  » Mais si nous faisions ça tous les ans sans ajouter de nouvelle musique, notre public fondrait comme neige au soleil, et nous ne jouerions plus dans des stades. Nous jouerions dans des arènes, puis de petites salles, et au final, plus personne, en dehors des fans hardcore, ne viendrait nous voir. La nouvelle musique est ce qui maintient le groupe en vie et ce qui fait que les projecteurs sont toujours braqués sur le groupe. C’est ce qui fait que de jeunes fans suivent le groupe. Nous n’en sommes plus à un point où nous devons vivre en 1985. « 

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Re-cycle, une chronique de Frederic Vandecasserie

Parce que ne pensons pas que  » c’était forcément mieux avant « , mais que nous avons remarqué que  » tout était dans tout  » voire que  » rien ne se crée, rien ne se perd, mais tout se transforme  » ! Bref, le vintage et ses réinventions dans tous les domaines de la pop-culture ont la cote pour le moment.

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