Le 26 Mai 2021
Gérard Lanvin feat. Manu Lanvin « On le dit sauvage, on le dit brutal »
C’est la première fois que Gérard Lanvin s’aventure dans la chanson, Manu mettant en musique les mots de son père. En attendant la sortie de leur premier album commun intitulé « Ici bas » le 21 mai, les Lanvin sortent aujourd’hui un single, « Entre le dire et le faire ».
L’acteur et chanteur français qui n’a pas sa langue dans sa poche avait besoin de répondre à une France qui oscille aujourd’hui entre la colère et la résignation. Dans cet album, Gérard Lanvin délivre ses chansons comme des coups de poing, sans filtre.
Alors que les paroles ont été écrites par Gérard Lanvin lui-même, les musiques ont été composées par son fils, Manu Lanvin. Un fils qui l’a beaucoup encouragé et accompagné dans ce projet.
Appel à l’aide est le premier extrait de ce disque. Ce titre nous parle de deux sujets au cœur de l’actualité : les violences conjugales et les féminicides.
La rencontre de deux artistes
Cette rencontre artistique entre le père et son fils s’est concrétisée avec le confinement, le tournage de l’un, les tournées de l’autre, étant mises à l’arrêt. « J’avais cette idée en tête depuis longtemps de mettre en musique tous ses écrits, ses réflexions sur notre société. Je me suis dit :
« C’est le moment, sors tes carnets de notes »
« Il a été étonné au début et m’a fait confiance, et on est parti dans cette aventure »
se remémore Manu Lanvin.
Son père acteur a pu déjà s’appuyer sur une petite expérience de chanteur, acquise lorsqu’il travaillait sur la comédie musicale Ginette Lacaze avec Coluche.
« Je n’avais pas forcément une technique particulière. Je ne me prends pas du tout pour un chanteur. Mais quand Manu m’a demandé si cela m’intéressait, vu les circonstances, ce temps libre, j’ai accepté, en allant non pas vers mon fils mais l’artiste que je trouve magnifique, avec lequel en toute confiance on a pu fabriquer l’album ».
Un album très engagé
La plume vive et acérée de Gérard Lanvin n’élude aucun sujet sur l’actualité. Il s’appuie d’ailleurs sur son propre nom pour décrypter ‘L’an vingt’.
Cet album est donc « un constat social sur l’année 20 parce qu’elle a été riche en événements » résume-t-il.
« Cela m’a permis d’aller vers mes exaspérations : les lâcher, les écrire, ou mes intentions, non pas faire passer des messages, mais ma volonté, que tout cela aille un peu mieux pour nous tous, dans la solidarité, les valeurs humaines auxquelles je tiens ».
Dans Entre le dire et le faire, il adresse par exemple un message aux trois derniers présidents français.
« Je n’aime pas les présidents people, ceux qui savent tout au départ et ne font rien à l’arrivée »
Entre dire et le faire au milieu il y a la mer « clame sans langue de bois l’acteur français de 70 ans »
« Ce sont des ego surdimensionnés, et aujourd’hui leur manière de faire de la politique ne m’intéresse pas trop car elle fonctionne sur les réseaux, sur l’intension de séduire mais je n’ai pas vu de progrès ».
Le comédien constate les difficultés économiques de ses concitoyens et un état qui ne les aide pas.
« Tout d’un coup on trouve des milliards de partout alors que les gilets jaunes avaient besoin de 100 balles chacun et on ne les trouvait pas ».
Le contraste entre la musique et les textes
Pour illustrer les propos déclamés par Gérard Lanvin, son fils Manu a souhaité un riche habillage sonore, qui offre ainsi un vrai contraste entre des paroles dures et une mélodie enjouée.
« Les gens s’attachent souvent à la musique en premier avant d’aller dans le texte »
Je voulais des choses qui soient mainstream, un truc un peu sexy qu’on ait envie de s’attacher à la musique et qu’on s’intéresse après à ses notes » justifie le musicien qui a tenu également à afficher les vraies notes des paroles dans le livret du CD.
« Aujourd’hui on a un peu désacralisé le CD, on est dans cette ère digitale. Je voulais qu’on puisse détacher ce carnet de notes. C’est vraiment son écriture avec des ratures qui sont les siennes ».
Ces notes, c’est une habitude chez Gérard Lanvin. Le comédien écrit dans un carnet tout ce qu’il entend autour de lui déjà depuis son travail avec Coluche.
« C’est un plaisir parce que tout vient de la rue, des autres finalement » déclare l’acteur qui se veut le plus proche de la population. « Je fais partie du peuple. Je suis quelqu’un de populaire, accepté en tant que tel on m’a dit. Un acteur populaire cela se mélange. Si on commence à jouer à la star on s’isole« .
Une chanson dédiée à sa femme
Ces notes de Gérard Lanvin ne sont pas que des paroles coups de poing. Il a également enregistré Mon héroïne, une déclaration d’amour à sa femme Chantal Benoist, connue sous le pseudonyme de Jennifer, avec qui il partage sa vie depuis 40 ans.
« On a été à l’aventure plein de fois ensemble, on est des voyageurs donc forcément il faut avoir une complice à qui je dis tout ce que je pense : merci de m’avoir permis de faire mon travail d’acteur, de partir souvent sans ambiance négative dans ma tête, de rentrer dans une maison qui m’attendait, heureuse et fleurie et de m’avoir permis d’avoir une famille aussi forte que celle qu’on a » explique-t-il. « Il y a ces musiques que Manu a faites qui amènent ce charme à la chanson et c’était le moment idéal de lui dire merci, de lui prouver que j’avais remarqué toutes ses attitudes positives et qu’elle m’a permis de faire ce parcours ».
Pour Gérard Lanvin, c’est une époque minable et il explique pourquoi
Gérard Lanvin n’a jamais eu sa langue dans sa poche et il ne s’en cache pas. Une attitude qu’il a souvent payé cash en se faisant plus rare au cinéma. Éloigné des plateaux, l’acteur a donc décidé de mettre ses coups de gueule en chanson. Des paroles percutantes, griffonnées sur des carnets, qui parlent de l’époque actuelle, de Paris, ou encore du show-business qu’il a toujours voulu fuir.
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