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L’iconique Jane Birkin est décédée à l’âge de 76 ans : retour sur une vie aux multiples facettes

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Jane Birkin est morte à l’âge de 76 ans. Selon plusieurs médias français, elle aurait été retrouvée sans vie à son domicile parisien ce dimanche. L’artiste avait annulé plusieurs concerts récemment pour des raisons de santé. Mille vies. Mille visages. Jane Birkin, depuis des décennies, faisait comme partie de nos vies. En tout cas une ou plusieurs de ses multiples facettes. De la pétillante petite anglaise du “Swinging London” à la muse passionnée, de l’actrice populaire des années 70 à l’interprète subtile des chansons de son Serge, de la maman aimante à la grand-mère prévenante, l’artiste souriante à l’inoxydable accent british était incontournable. Retour sur une vie passionnante et passionnée.

Birkin, délicate, aérienne et complexe, c’était tout d’abord un certain syndrome de l’imposture. ” Je ne me trouvais rien “ dira-t-elle au journal Le Soir en janvier 2020. Une modestie viscérale, un incommensurable sentiment de culpabilité, des angoisses et un trac qui ne l’ont jamais vraiment quitté. ” Comme s’il fallait souffrir un peu pour avoir des choses “. Pourtant, elle s’avouait gâtée, chanceuse… et heureuse, finalement.

C’est que tout a été très vite pour la jeune fille née le 14 décembre 1946 dans un milieu bourgeois londonien. A 17 ans et en l’espace de trois ans, elle se marie, devient une célébrité mondiale puis mère. Un tourbillon pour elle qui dira par la suite

” je n’étais nulle part. Je n’avais rien à dire “.

Jane Birkin à La Rochelle, en 2018. © Tous droits réservés

L’actrice

Tout d’abord commençons par les projecteurs. Birkin est donc toute jeune quand elle fait une apparition fracassante dans le monde du cinéma. Nous sommes en 1966. Elle vit encore outre-Manche, n’a pas vingt ans et tourne pour Michelangelo Antonioni. Le film du maestro italien, c’est Blow-Up. Il obtiendra la Palme d’or à Cannes en 67. Birkin y tient seulement un petit rôle. Mais il est sulfureux. Et même scandaleux. On voit la jeune femme entièrement nue (une première dans un film britannique), déshabillée de force. Une forte pression médiatique touche la jeune fille.

Figure du ” Swinging London “, elle avait déjà tourné dans un film à succès Le Knack… et comment l’avoir. Dans le film de Richard Lester, elle y côtoyait alors les jeunes Charlotte Rampling et Jacqueline Bisset… Elle posait déjà pour les photographes aussi… Déjà égérie et connue pour avoir épousé, tout récemment, le grand compositeur John Barry. L’auteur des musiques des James Bond de 63 à 87 (et le thème principal de toute la série), d’Out of Africa ou encore du générique d’Amicalement vôtre restera marié trois ans avec Jane. ” Bien trop tôt pour se marier “ déclarera-t-elle plus tard. ” Il était avec une enfant. Comme si j’étais un labrador “.

En 1967, elle décide alors de quitter Londres pour tenter Paris. Elle laisse son mari John Barry, ses caprices et ses ” soupes de tortues “, et passe un casting. Notamment celui pour le film ” Slogan “. A l’affiche avec elle, peut-être un futur comédien en devenir (c’est en tout cas une direction que des producteurs veulent lui faire prendre). Il fait aussi la musique du film, car il est musicien. Les premiers échanges avec Serge Gainsbourg seront glaciaux. Mais bientôt, elle écrira : ” Je viens tout juste de terminer un film en France. Il y a un homme que j’aime dedans. Il a une allure très bizarre mais je l’aime. Il est si différent de tout ce que je connais. Assez dégénéré. Mais pur en même temps “. Bientôt, cet homme et Jane formeront un des couples les plus glamours du showbiz francophone…

L’enfance

C’est donc un an avant mai 1968 que la pimpante Britannique, avec ses bottes plantées en plein dans son époque, quitte l’Angleterre et sa famille. Londres, elle y eut une enfance heureuse. Un père qu’elle adorait. Une mère aimante, protectrice comme une lionne. Et pas avare de bons conseils : ” Souris et on sourit avec toi. Pleure et tu pleures toute seule “ lui disait-elle. Des parents qu’elle qualifiait de brillants. Père ” bourgeois héroïque ” et mère ” extraordinairement belle et spectaculaire “. Chanteuse et actrice, Judy Campbell, tourne depuis les années 40. Elle a épousé David Birkin en 1943. Commandant dans la Royal Navy, l’homme est l’artisan de jolis faits d’armes. ” La guerre fut le moment le plus excitant de la vie de mon père. Il n’avait à tuer personne dans ses fonctions. Il avait juste à sauver des gens. Il a fait 45 missions, je pense. Il était très génial. Il ne la ramenait pas. On ne savait pas tout ça de lui avant 1968 “ confiera-t-elle à Thierry Coljon et Nicolas Crousse du ” Soir “ en janvier 2020. Père adulé (” je n’aurai pas pu avoir plus de complicité que celle que j’ai eue avec mon père “), il décédera en 1991. Nous y reviendrons. Une complicité qu’elle partage aussi avec son frère aîné Andrew et sa cadette Linda.

Enfance heureuse en famille, mais un peu moins vis-à-vis de ses congénères du même âge. Notamment à l’internat. Birkin se sent mise à l’écart, différente des autres. ” Rien en haut, rien en bas “… Son physique androgyne fait jaser. Ces moqueries, Birkin les intègre. ” Ceci explique pourquoi après, il y avait une telle joie quand quelqu’un me trouvait jolie. Même à poil. Et même surtout “ confia-t-elle au micro de France Inter.

La muse

Retour à Paris. En 1968. Soudain, donc, elle tombe sur un drôle de Frenchie. Il a une tête qui ressemble à un chou et vient de se faire jeter avec fracas par Brigitte Bardot, alors phénomène mondial (bien plus que Birkin). Gainsbourg adore les actrices. Il aime leur fragilité, leur manque d’assurance. Avec Jane, cela va matcher comme jamais. ” Je tombais bien “ dira-t-elle dans une interview au Monde en 2013. ” J’avais vingt ans de moins que lui. Je l’amusais : il pouvait jouer à la poupée avec moi, m’habiller selon ses fantasmes “.

Bientôt, elle chantera avec lui. Un duo torride. Et haletant. C’est le moins qu’on puisse dire. Sur ” Je t’aime… moi non plus “, chanson qu’il réenregistre avec elle sur demande de Brigitte Bardot, elle pousse des gémissements qui font rougir la France entière. Nous sommes en 69, c’est l’année érotique (qu’elle chante aussi avec son Serge). ” Oh, quelle jolie mélodie ” dira sa mère, protectrice (” Ce qui était vraiment chic “ confiera Birkin). Elle défraye la chronique, mais, pour beaucoup d’observateur de l’époque, la petite anglaise, on ne devrait plus l’entendre beaucoup après. Elle a alors tous les atours d’un feu de paille. Mais ils ne la connaissaient pas encore. Birkin, c’est un phénix. L’artiste saura se renouveler. Sans cesse.

Inauguration d’une exposition de joaillerie place Vendôme à Paris, le 5 décembre 1969. © Tous droits réservés

En attendant, Gainsbourg – qui n’est pas encore Gainsbarre- et Jane enflamment radios, magazines, émissions de télévision et maisons de disque. Gainsbourg a trouvé sa muse et lui fait participer d’abord à son œuvre foisonnante. Un tourbillon dans lequel Jane se sent bien. Avec son Serge. ” Un provocateur à l’âme follement romantique. L’âme slave juive “. Jane est amoureuse. ” Il était la candeur même “, dira-t-elle. ” C’était un délice d’être avec quelqu’un que tout le monde pensait méchant. C’était un faux méchant, il était absolument chou “. Jane aime cette notoriété. ” J’aimais la sensation des flashs “ murmura-t-elle au journal ” Le Monde “. C’est réussi, car le couple va faire des étincelles.

Ce sera d’abord l’album Jane Birkin – Serge Gainsbourg en 1969. Jane B. lui est dédiée. Elle y chante aussi 18-39Orang Outan et Le Canari est sur le balcon. Mais surtout Je t’aime… moi non plus évidemment et l’incontournable 69, année érotique. Arrive aussi sur les tourne-disques la Décadanse, avec sa chorégraphie bien spécifique.

“La décadanse”

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Quelques petites années plus tard, de sa voix douce, elle susurrera de sa douce voix le nom de ” Melody Nelson “ sur l’album-concept du même nom. Chef-d’œuvre de Gainsbourg, elle posera pour la couverture du disque, une peluche en main.

Elle réalisera sept albums avec Gainsbourg, de 69 à 1990. Muse et épouse pendant plus de dix ans, ce seront des années heureuses à ses côtés. Jane adore Serge. Avec lui, elle donnera naissance à Charlotte, en 1971. Une passion forte. Un incendie. Mais peu à peu, Jane se lasse de la vie de palace, de l’alcool et du caractère pas simple de son mari aussi. Il ira jusqu’à la gifler, un soir en soirée. ” Je lui ai écrasé ma cigarette sur lui aussi. Allumée. Et lui ait envoyé une tarte à la crème aussi “. Bref, l’amour est fou. Peut-être un peu trop.

Et un beau jour de… 1980. C’est la séparation. Elle tombe dans les bras de Jacques Doillon, avec qui elle tourne. Et quitte Serge. Gainsbourg est dévasté. Mais ils resteront amis. Beaucoup plus que quand il était son compagnon, dira-t-elle. Il lui composera encore de nombreuses chansons. Des disques, aussi. Comme Baby Alone in Babylone (1983). Sur le premier de ces albums, des œuvres majeures : Les dessous chicsFuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve. Gainsbourg écrit l’album en cinq jours, porté par une soif de perfection et de travail inouïe. ” Je te le dois “ avait-il dit à Jane.

Le couple n’était pas marié (archive INA)

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Deux autres opus suivront : Lost Song en 1987 et Amours des feintes trois ans plus tard. ” Un triptyque nourrit par notre rupture “ analysera-t-elle. ” Serge me donnait son côté féminin à chanter “, analyse-t-elle. Un Gainsbourg qui a été toujours présent, jusqu’à son dernier souffle. ” J’ai eu la grande chance d’avoir pu le garder sans mettre en péril Lulu et Bambou. C’est assez inexplicable. Cela fait partie des grandes fortunes de ma vie “.

Serge et Jane le 11 mars 1985, lors de la remise du disque d’or “Baby Alone in Babylone”. © Tous droits réservés

Birkin sur pellicule

Sa carrière au cinéma sera fructueuse. Elle sera d’abord connue pour ses rôles d’ingénue dans les années 70. Tournant dans des films comédies populaires à succès de Claude Zidi, où elle est la compagnie de Pierre Richard (La moutarde me monte au nez en 1973, La Course à l’échalote deux ans plus tard) ou fait une apparition dans l’Animal, avec Jean-Paul Belmondo en 1977. Elle retrouvera Michel Audiard dans Comment réussir quand on est con et pleurnichard. On la verra aussi dans les grosses productions mettant en scène Hercule Poirot Mort sur le Nil (1978) et Meurtre au Soleil (1982) ou encore dans Circulez y a rien à voir (comédie mineure de Patrice Leconte en 83). En parallèle, elle s’illustre dans le cinéma d’auteur. Avec Delon dans La Piscine (1969), amante de Brigitte Bardot dans Dom Juan 73 de Roger Vadim, dans le Mouton enragé (Michel Deville, 1974), avec Patrick Dewaere dans Catherine et compagnie (Michel Boisrond, 1975)… Bientôt, elle tournera pour Gainsbourg dans son premier film au titre évocateur et avec un air de déjà-vu. Je t’aime moi non plus sortira en 76 et divisera la critique.

Pierre Richard, Jane Birkin et le producteur Pierre Grunstein en 1975.

Birkin et Bardot dans le film de Vadim.

Philippe Léotard, Jane Birkin, Laure Marsac, Maruschka Detmer et Andrew Birkin (le frère de Jane) pour la présentation de "La pirate" de Jacques Doillon.

Birkin et Doillon en 1984 à Cannes.

Au tournant des années 80, sa carrière prendra définitivement le pli du cinéma d’art et d’essai. Elle va y rencontrer le cinéaste Jacques Doillon, avec qui elle commencera une relation (La Fille prodigue, 1980 ; la Pirate, 1984 ; Comédie ! en 87). On pourra la retrouver également à l’affiche de films de Jacques Rivette (L’amour par terrela Belle Noiseuse en 91), Jean-Luc Godard (Soigne ta droite, 1987) , Marion Hänsel (Dust). Agnès Varda fera d’elle un portrait flamboyant dans Jane B. par Agnès V. en 1988. Elle fut nommée trois fois aux César, entre 85 et 92.

Agnès Varda et Jane Birkin au festival de Cannes 2015.

Agnès Varda et Jane Birkin au festival de Cannes 2015. © Tous droits réservés

Birkin s’essayera aussi à la réalisation, avec le téléfilm Oh ! Pardon tu dormais en 92 (titre qui deviendra celui d’un album près de trente ans plus tard) et Boxes en 2007. Elle écrira aussi quelques scénarios. Jouant encore occasionnellement pour le grand écran (On connaît la chanson, Quai d’Orsay…), elle se fera néanmoins plus rare à partir des années 90.

C’est sur les planches théâtrales qu’elle brillera également. Arrivée sur le tard, à l’âge de quarante ans, elle jouera Marivaux, Shakespeare, Sophocle et Euripide. Mais aussi du Jean-Claude Carrière ou du Josiane Balasko. En 2014, elle s’adonnera, sur scène, à des lectures de son Serge Gainsbourg si cher à son cœur.

La chanteuse

Encore lui. Juste ses mots. Les mots de son ancien amant. De son amour toujours bien présent. Birkin se coupe les cheveux, monte sur scène au naturel, sans fard, sans maquillage. Pour qu’on entende simplement les mots et la musique qu’il lui a écrits. ” Je ne voulais plus qu’on me voit jolie “ expliquera-t-elle. Habituée des shows télévisés des années 70 et 80, Birkin est et reste populaire.

Serge, elle l’a arrimé à elle. Pour toujours. Un jour de 1991, le 2 mars précisément, le précieux génie passe l’arme à gauche. Un de ses mondes s’effondre. David, le père de Jane, son autre phare, l’aide pour les funérailles. Et décède à son tour, cinq jours après Gainsbourg. Jane, qui apprend la nouvelle lors du départ de Serge, est dévastée.

Après la mort du mentor, Jane restera toute sa vie durant l’ambassadrice de l’œuvre de Gainsbourg. A coup de ” Serge ” par ci, de ” Serge ” par là, elle va continuer inlassablement à chanter les chansons qu’il lui avait écrites et de revisiter son répertoire. Aux quatre coins du monde, elle chante l’homme à la tête de chou. En version symphonique, arabisante (Arabesque, 2002), les chansons écrites pour d’autres (Versions Jane, 1996)…

Mais ce n’est pas tout, Jane Birkin sortira des chemins gainsbouriens. Et elle sait s’entourer. De grands compositeurs et paroliers de la scène francophone (Daho, Zazie, Miossec, MC Solaar, Souchon, Mickey 3D…) mais aussi internationale (Placebo, Portishead, Paolo Conte, Tom Waits…) vont se mettre à son service. Ce seront trois albums à succès : A la légère (1999), Rendez-vous (2004) et Fictions (2006).

En 2008 sort Enfants d’hiver, le premier album dont elle a écrit les textes. Birkin vole de ses propres ailes. Les années 2010 sont faites de tournées, d’écriture, de collaborations… – notamment celle très suivie avec Etienne Daho, qui débouchera notamment sur l’album Oh ! Pardon tu dormais en 2020. Une décennie de joie, mais aussi de drames. La maladie. Et la perte d’un enfant.

La famille

Jane et Kate

Jane et Kate © Getty Images

De jolie poupée craquante à mère de famille souriante. Puis véritable matriarche aimante. Jane Birkin avait la famille dans le sang. Avec ses joies et malheureusement ses drames. En 1967 arrive dans sa vie la petite Kate. Kate Barry, qu’elle a eu avec John Barry (le compositeur de James Bond, souvenez-vous). En 1971 va arriver Charlotte. Fruit de ses amours avec Gainsbourg, elle sera suivie par Lou, qu’elle aura avec Jacques Doillon, en 1982. Trois filles de trois pères différents, pour une mère qui ne se sent pas forcément à la hauteur. Mais qui les aimera de tout son cœur. Et une grand-mère comblée.

Jane devant une photo de Charlotte, 2015.

Jane et Lou, en 2017

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Mais un jour de décembre 2013, un drame terrible survint. Kate, son aînée, devenue entre-temps styliste et photographe de renom, se défenestre. Elle avait 46 ans et avait été élevée par les trois premiers compagnons de Jane (Barry, Gainsbourg, Doillon). Très proches de ses deux demi-sœurs, le choc et la perte irrémédiable anéantissent le clan Birkin. Charlotte partira quelques années à New York, Jane restera longtemps prostrée, contemplant le plafond de sa chambre. ” Perdre une enfant, c’est tellement inimaginable que tout ce qu’on peut se dire, c’est que de toute façon, on n’a plus que dix ans devant soi – ou un petit peu plus-. Donc il faut bien les utiliser, dire ce qu’on avait envie de dire aux gens, aux enfants, aux petits-enfants. Il n’y a plus un moment à perdre. Il faut faire tout ce qu’on peut “ déclarera-t-elle à Catherine Ceylac en mars 2017.

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Birkin, sa vie, ses succès et ses drames… A partir de 2009, la maladie la touchera de plus en plus. ” Quatre ans d’allers-retours à l’hôpital, de l’eau dans les poumons, autour du cœur, j’avais l’impression d’être une machine à laver qui n’est plus sous garantie “ dira-t-elle au journal Le Parisien en janvier 2013. Birkin renaîtra, encore et encore. L’artiste féminine de l’année aux Victoire de la musique 1992 recevra une Victoire d’honneur en 2021. Il y aura aussi son retour en grâce, avec ” Symphonic Gainsbourg show ” et sa tournée mondiale. Dans le documentaire Jane par Charlotte, portrait présenté à Cannes par sa fille Charlotte en 2021, Birkin se rend au domicile de Gainsbourg, rue de Verneuil, à Paris. Cela faisait trente ans qu’elle n’y avait pas poussé la porte. Elle n’avait pas osé demander à Charlotte.Jane en a le sentiment (tout comme sa fille), la maison pourrait devenir un musée. ” Plus je te regarde, plus je t’aime “ dira Charlotte à sa mère.

Jane B.

Manifestation pour Amnesty International en 2009 à Paris.

Birkin danse avec… le Premier ministre Wilfried Martens, dans les années 80.

Exposition à Londres, en 2009.

D’un naturel mélancolique (” J’étais devenue quelqu’un de célèbre sans grand mérite “, s’épanchera-t-elle dans les colonnes du journal ” Le Soir “), avec un sentiment tenace de culpabilité dont elle ne se départira jamais, la sensible Jane roulera néanmoins sa bosse. Egérie du monde de la publicité, l’iconique brune a toujours été en recherche d’affection, de profondeur : ” Ce que j’étais à douze ans, je le suis encore aujourd’hui. Le manque de confiance, la jalousie, l’envie de plaire “ confiera-t-elle dans un livre en 2018. Avec son accent dont elle ne se départira jamais, personnalité engagée – droits de l’Homme, environnement…-, vibrante et sensible, la populaire little british (qui se sentait intensément française) les soixante dernières années. Espérons que l’ex-fan de sixties aux dessous chics ait pu les utiliser, à bon escient, ses clés du paradis.

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Bruno Tummers rendra hommage à Jane Birkin dans Les Playlists sur Vivacité, ce dimanche entre 19 heures et 20 heures. Un hommage avec ses plus belles chansons et des extraits d’interviews. La Une rediffusera quant à elle ce dimanche à 22h45 le documentaire “Jane Birkin et nous”. Quant à la Trois, elle rendra hommage à l’icône en rediffusant “Hep Taxi” ce dimanche à 20H30. 

” Baby alone in Babylone ” : Quand Serge Gainsbourg reprend Brahms pour Jane Birkin

© Keystone / Bettmann – Getty Images

Valentine Jongen, YouTubeuse mais aussi musicologue, vous dévoile l’histoire pas si classique de chansons cultes. Parce qu’on l’ignore souvent mais, derrière certains grands tubes du XXe et du XXIe siècle, se cache une partition de musique classique. Aujourd’hui, honneur à  Serge Gainsbourg.

Serge Gainsbourg donc, qui a très souvent emprunté à la musique classique pour composer des mélodies pour lui ou pour les autres. Quelques exemples:

  • Poupée de cire poupée de son
  • Ma Lou Marilou
  • Dépression au-dessus du jardin
  • Lemon Insest
  • Requiem pour un con
  • Jane B.

Et c’est justement de Jane B. dont on va parler aujourd’hui, pas de la chanson mais bien de Jane Birkin avec la chanson que Gainsbourg lui écrit en 1982 Baby Alone in Babylone.

L’inspiration elle est clairement avouée par Gainsbourg lui-même qui utilisait d’ailleurs l’expression ” emprunter “. Il disait ” emprunter à la grande musique “. Et, à ce propos, il y a une interview d’archives chez Bernard Pivot en 1986 assez mythique : Gainsbourg s’embrouille avec Guy Béart quand il explique que les chansons de variété qu’il chante c’est mineur.

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C’est un art qu’il respecte énormément et qui lui a été transmis très jeune. Puisque Serge Gainsbourg (de son vrai nom Lucien Ginsburg), né en 1928, est le fils de Joseph Ginsburg, immigré juif d’origine russe qui a étudié le piano au Conservatoire.

Et c’est d’ailleurs grâce à la musique que Joseph Ginsburg rencontre sa femme (Olga) qui est mezzo-soprano. Le petit Lucien (donc Serge) apprendra le piano avec son père avant de se mette à la peinture puis, de retourner à son amour pour la musique via la chanson.

Gainsbourg a grandi, baigné dans la musique classique et l’un des compositeurs qui a inspiré Serge Gainsbourg, c’est Brahms.

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Johannes Brahms, compositeur allemand, né à Hambourg en 1833 et mort à Vienne en 1897. Et, comme Serge Gainsbourg, Johannes Brahms a commencé à étudié la musique avec son Papa.

Mais l’histoire qui nous intéresse aujourd’hui, c’est celle de la 3ème Symphonie de Brahms. Une œuvre qu’il compose l’été 1883 (Brahms vient juste d’avoir 50 ans) et, dès la création de cette œuvre à Vienne en décembre, la partition remporte un succès immense et se fait entendre à travers toute l’Europe et aux États-Unis.

Et donc cette Symphonie n°3 de Brahms, elle se structure en 4 mouvements et c’est le 3ème qui nous intéresse aujourd’hui il est dit ” Pocco Allegretto ” et c’est ce qu’on écoute en ce moment.

Et avant d’être repris par Gainsbourg un siècle après sa création, ce 3ème mouvement de la Symphonie de Brahms est popularisé par le film d’Anatol Litvak (réalisateur américain d’origine ukrainienne). Ce film c’est ” Aimez-vous Brahms… ? ” (en anglais ” Goodbye Again “) adapté du roman de Françoise Sagan en 1961.

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Un film qui a définitivement fait rentrer cette mélodie de Brahms dans les esprits si bien qu’en 1983, quand sort Baby Alone in Babylone, on reconnaît immédiatement la citation.

À cette époque, c’est important de rappeler que Jane Birkin n’est plus la compagne de Gainsbourg. En effet, après un premier mariage avec le compositeur anglais John Barry (à qui on doit la musique de plusieurs James Bond ou encore de la série Amicalement Vôtre), Jane Birkin est en couple avec Gainsbourg pendant une dizaine d’années et se sépare en 1980, suivra sa relation avec Jacques Doillon.

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Quand Gainsbourg écrit Baby Alone in Babylone pour Birkin, ils ne sont plus ensemble ! Et d’ailleurs, le thème de la séparation est omniprésent dans l’album Baby Alone in Babylone sur lequel figure donc la chanson éponyme.

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